Comment je suis devenue photographe professionnelle.
Comment je suis devenue photographe professionnelle ?
Bon bah voilà, l’epreuve ultime pour moi, faire un article sur ma personne. Oui parce que c’est bien joli de vous montrer mes photographies et vous parler des autres, mais c’est un peu plus difficile de parler de soi. Je voulais faire un article sur les shooting en général et j’ai donc fait participer mes abonnés Instagram en leur demandant en story s’ils avaient des questions a me poser sur moi ou mon travail. Et en fait, surprise, j’ai surtout eu des questions sur ma vie personnelle ou des questions d’autres photographes, plus “techniques” ou “commerciales”.
Certains avaient des questions super mignonnes du style “qu’est ce que j’aime dans la photo” ou “comment j’en suis arrivée là”, et d’autres se demandaient comment ils pouvaient avoir plus de clients. Donc finalement, cet article aura pour but de vous expliquer pourquoi j’en suis arrivée à devenir photographe professionnel, comment j’ai démarré mon activité et je finirai par des petits conseils pour ceux qui veulent savoir.
Donc en gros cet article s’adresse à tout le monde, les curieux, ceux qui veulent en savoir plus sur moi et ceux qui veulent se lancer dans la photographie professionnelle. Et pour les trés curieux, j’ai reservé une petite fin “collector” en fouillant dans mes archives! Ahah!
Comment j'ai eu mon premier appareil photo
Commençons par le debut. Moi c’est Allison, j’ai passé mon enfance et adolescence sur la Côte d’Azur, entre Antibes et Cagnes sur mer.
Mon parcours scolaire c’est un peu les montagnes russes. J’aime les cours, j’aime apprendre, mais je ne supporte pas être enfermée entre 4 murs. Cela devient problématique, mais avec quelques angles à 180° je suis partie en voie professionnelle, très exactement en patisserie, avec une grosse préférence pour la patisserie de restauration. Une fois le Bac Pro en poche je suis partie travailler dans des endroits sublimes (notamment 2 ans à l’Eden Roc au Cap d’Antibes, absolument superbe) Et j’ai adoré le metier, mais il me manquait clairement quelque chose.
Parallelement à tout ça, je rencontre un ami, Julien, (qui deviendra mon chéri et le papa de ma fille, mais je ne veux pas vous spoiler, ahah ! ), et donc cet ami fait de la photo. La photo, ça m’a toujours fait rêvé ! En plus j’adore ses photos.
Et là je me mets au défi: “Si j’ai mon permis de conduire je m’offre un appareil photo ! “
C’est à ce moment que tout à changé. J’ai donc eu mon permis, je me suis achetée mon premier appareil, le Canon 600D, mais j’ai aussi quitté la Côte d’Azur et ma famille pour venir m’installer dans les Landes avec le fameux Julien qui finalement s’est révélé être mon amoureux et mon meilleur ami, la personne avec qui j’avais vraiment envie de me lever chaque matin.
Mes débuts en photographie
Ce que vous voyez à gauche (ou au dessus si vous êtes sur un téléphone), c’est ma première photo, Avril 2013. Hé bien oui, il faut bien commencer quelque part lol. J’avais mon Canon 600D depuis 3 jours et je n’y connaissais rien en photo.
Puis j’ai appris (c.f. les 3 photos suivantes) . Je me suis mise au défis. J’ai commencé par ma macro et la proxy photographie. J’avais mon 600D, et en objectif un 50mm f/1.8 et un Tamron 90mm f/2.8 Macron. Je réquisitionnais toutes les lampes de l’appartement pour avoir un peu de lumiere ou j’allais en extérieur.
Là j’ai découvert Photoshop lol. Par la suite je ne l’ai pas beaucoup utilisé, mais j’ai eu ma phase à vouloir tout photoshoper !
Puis j’ai appris la pose longue, pour les photos de nuit. Et j’ai fait un max de photos de paysage. On prenait souvent la voiture pour faire des virées photos, c’était génial !
Toutes ces expériences photos m’ont appris à utiliser mon matériel en mode manuel. J’ai compris comment fonctionnait la lumière et ça c’est la clef numéro 1 pour les photos, comprendre la lumière, l’appréhender comme une matière qui se quantifie.
La lumière a aussi une couleur (allant du jaune au bleu, c’est la température) et une force (lumière directe ou diffuse). Ça m’a appris à la reconnaitre et à la contourner quand cela est possible.
Comment je suis passée de la photo de paysage à la photo de famille ?
Et oui, après tout, pourquoi vouloir photographier les humains ? La aussi tout est arrivé en même temps.
D’abord un couple est tombé sur mes photos de paysage, ils ont aimé et m’ont demandé si je pouvais faire leur mariage. Enorme coup de stress. Je n’avais jamais pris en photo des inconnus, et ce n’était pas du tout un but pour moi, de faire des “prestations”. Dans un élan de “Feel Good” j’ai dit Oui! J’ai demandé une participation financière ridicule et j’ai adoré l’expérience.
En parallèle, ma fille. Les enfants nous font voir la vie différemment, et à force de faire des photos d’elle, j’ai commencé à m’imaginer le faire pour d’autres. J’ai eu envie que d’autres gardent des souvenirs tangibles, comme moi.
Je n’ai pas travaillé pendant sa première année. Je sortais un échec professionnel cuisant et je n’avais qu’une seule envie, profiter d’elle. D’ailleurs cela m’a donné l’opportunité de m’entrainer sur elle en photo.
Et à ses 1 an je suis repartie chercher du travail, en pâtisserie. Mais la vie est bien faite, et la même semaine, un photographe professionnel me contacte. On se voit. Il a besoin d’une photographe pour un projet sur le long terme, mais il faut que je sois pro aussi, que j’ai un numéro de Siret.
Je vais être honnête, j’ai paniqué, vraiment. J’ai été sincère avec lui, je n’ai jamais pris les gens en photo, je ne suis pas sûr de savoir faire. Moi je fais du paysage et éventuellement des photos dans le bar où j’aime aller, c’est tout. Il m’a dit quelque chose que je n’oublierai pas:
“La technique ça s’apprend, la mentalité non.”
Et ça voulait dire deux choses pour moi, de un il me choisissait pour qui j’étais et non pas pour ce que je faisais, et de deux il avait raison, on apprend sans cesse, je pourrai apprendre.
Et voila comment j’en suis arrivée à posséder un numéro de Siret et devenir Pro.
Finalement on a fait ensemble moins de projet que prévu mais lui est devenu un de mes meilleurs amis.
D’ailleurs grâce à lui et sa boite, Lightlaab, nous avons fait ensemble le Motors n Blues Festival 2019 où j’ai eu la chance de monter sur scène, notamment pour faire la photo qui est devenue la photo du double album de Ben Poole. J’ai aussi eu l’occasion de rencontrer Mister Mat pour un concert en plein air, bien avant qu’il devienne le finaliste de The Voice sur TF1.
* C’était mon petit moment fierté *
Pourquoi je suis photographe ?
Oui parce que c’est bien de vous expliquer comment j’en suis arrivée là, mais une des questions sur Instagram était “Qu’est ce que tu aimes dans la photo ?”, alors oui, pourquoi devenir pro ?
Il est évident que j’aime les photos, et le rapport au “Beau”. Je ne veux pas faire des photos, je veux faire de “Belles” photos. Et là tout devient relatif, parce que ce qui est beau pour l’un ne l’est pas pour l’autre. On a tous une définition et une recherche du “Beau” différente. Je dirai donc que personnellement je recherche une harmonie dans les couleurs et la composition de la photo, mais aussi et surtout je veux que mes photos rappellent des instants, de la vie, des émotions vécues.
Je ne recherche pas la même chose dans une photo de famille (ou de mariage) que dans une photo de paysage.
Ça c’est un point personnel, et différent pour chaque photographe.
Mon travail ne consiste pas seulement à prendre des photos, il y a beaucoup d’échanges humains et clairement j’adore! Je partage avec vous un moment personnel, intime. On ne fait pas semblant. Cela peut-être déstabilisant parfois. Touchant. J’ai souvent la larme à l’oeil pendant un mariage, ou des frissons pendant les shooting familles.
Et puis il y a d’autres points à prendre en considération. J’aime gérer mon entreprise, j’aime décider seule, me poser des questions et trouver mes propres réponses. J’aime que les journées ne se ressemblent pas. Et pour finir, je crois que j’aime la pression. Oui si je veux être honnête avec moi, c’est quand même pas mal de pression et de stress (que ce soit les évènements comme les mariages ou simplement gérer son entreprise) et je crois que j’aime beaucoup ça, ça me permet d’avancer.
Et si on parlait des obstacles ?
Et oui, parce que les obstacles, il y en a en pagaille. C’est comme tout. Et la je vais parler d’une autre question qui m’a été posée sur Insta; “Comment trouves tu des clients ? “. Ce paragraphe d’adresse donc un peu plus aux futurs photographes. Je n’ai pas de réponse miracle, est-ce qu’on peut vraiment “trouver” des clients? Je pense plutôt que c’est les clients qui nous trouvent. Tout ce qu’on peut faire c’est proposer. “Voila moi je fais de la photo pour (mariage, grossesse, entreprise, portrait, ou autre) et je fais ce genre de photo (et on montre notre style photo)”. Et c’est comme tout, on plaira à certains et pas à d’autres.
Une autre question qui revient énormément c’est “quel est le bon prix ?”. Le bon prix est celui qui permet d’avoir un salaire, de payer ses factures, son loyer, de remplir son frigo, etc… Et là il faut tout calculer. Les 22% de cotisations, les abonnements aux logiciels pros, les frais d’essences (et ça monte vite), les frais postaux (et ça monte vite aussi), etc… Il faut aussi penser que votre matériel photo va devoir être changé un jour, un nouveau boitier ou un objectif plus adapté.
Il y a quelques années je me suis faite voler mon sac photo avec dedans mon appareil et mes deux objectifs. Je me suis retrouvée en 5 minutes avec plus rien. Et on fait comment dans ce cas là ? Si on n’a plus de matériel, on n’a plus de travail. Je n’oublierai jamais cette sensation, comme si j’étais à la rue. Et je n’avais pas la trésorerie pour en racheter. Les assurances n’ont rien voulu savoir. Des petits malins s’étaient amusés à casser et voler toutes les voitures de la rue où j’étais garée (j’étais assise à une table à 30 secondes à pied, mais il y avait des travaux, on n’a rien entendu). Mon assurance voiture ne prenait pas mes effets personnels, et mon assurance pro ne prenait pas le cas où mes affaires étaient dans ma voiture. L’horreur. J’avais fais une cagnotte leetchi et heureusement j’avais été aidée (encore MERCI! )
Bref je vous raconte ça parce qu’il faut vraiment voir votre entreprise, bah… Comme une entreprise, il faut qu’elle puisse se financer en cas de pepin.
Les conseils ?
Alors le premier conseil qui me vient, pour toute personne qui aimerai se lancer, c’est d’être soutenue. Se lancer dans une entreprise solo, c’est quand même plus facile quand on est entouré par des personnes qui croient en nous et qui nous épaulent. Mon chéri fait ce boulot à merveille. Toutes les fois où j’ai douté, les fois où je me sentais perdue et que je ne savais pas quoi faire, les fois où je me laissais submergée par le stress.
Je me suis déjà retrouver un soir à 23h30 en pleure parce que j’avais des photos à finir, que j’avais pris du retard et que tout ce que je voulais c’était aller me coucher. Et dans ces cas là il faut une personne compréhensive à côté!
Mais aussi pour le quotidien. Pour gérer les tâches quotidiennes, pour gérer notre fille. Les soirs de shooting, les samedis de mariage, etc…
Mon deuxième conseil serait d’être bienveillant envers vous même. Ne vous comparez pas aux autres. Surtout avec Instagram et ce défilement de photos incessant, on a vite fait de tomber dans l’autocritique facile. Rappelez vous que les autres photographes passent par les mêmes dilemmes que vous. Vous avez le droit d’apprendre et d’échouer. Je me répète ça tellement souvent. Je peux être si dur avec moi même que je veux juste tout arrêter. Cet article, je l’ai aussi fait pour moi, pour me rappeler que moi aussi je suis partie de zéro, que j’ai appris la photo et que je continue d’apprendre sans cesse.
Et mon dernier conseil, amusez-vous! Rappelez vous que ce métier a débuté par une passion, continuez de vous amuser a faire ce que vous faites, sinon il n’y a plus d’intérêt. Profitez, jouez, avancez.